Le M.E.P.R.O.G.

Mon Enfant Progresse-t-il ?

Les notes, évaluations, bulletins..., et les apprentissages "TIROIRS"

Depuis toujours, l’école délivre des points et des bulletins à ses élèves.  Quoi de plus normal !

Ce qui l’est moins, par contre, c’est que le système d’évaluation mis en place SÉLECTIONNE.  Or, l’objectif de l’école est de faire RÉUSSIR tous les élèves.                                            qui régissent notre enseignement vont bien dans ce sens.  Jamais, on ne parle de sélectionner les élèves.

Extraits du « Contrat pour l’École »   Lien vers PDF

Le « Contrat pour l’École », de Madame MARIE ARÉNA en  mai 2005, était aussi très clair à ce sujet. L’objectif était d’emmener l’enfant le plus haut possible, au maximum de ses capacités.

Le problème est que dans la tête de Monsieur Tout le monde, cela paraît impossible de faire réussir tous les élèves. On en revient à la problématique de la constante macabre (voir 2ème bouton ci-dessous).

Je suis persuadée que si les écoles respectaient strictement les prescrits légaux, les résultats des enfants seraient bien meilleurs.

Alors, osons comparer les                               avec des pratiques d’école.

Le décret principal lien vers PDF régissant les évaluations est très soft, on n’y trouve aucun acharnement à vouloir à tout prix évaluer les élèves.

Les rythmes d’apprentissages sont respectés puisque la première évaluation certificative légale obligatoire se situe aux alentours de 12 ans (l’épreuve CEB).  Avant cela… rien n’est imposé, mis à part les évaluations externes non certificatives qui visent d’autres objectifs. (voir articles 6 et 20 ci-dessus)

  • "Contrat pour l'École" Page-1

    « Entouré par une équipe pédagogique au rôle renforcé, l'enfant doit être placé au centre du projet éducatif de la Communauté française. Notre devoir à tous, parents, enseignants, politiques, c'est d'accepter chaque enfant là où il est, et de l'emmener le plus haut possible, au maximum de ses capacités. Pour cela, l'école doit garantir à chacun un égal accès aux connaissances et aux savoir-faire. Porteur de ce bagage, le jeune pourra exercer pleinement son esprit critique et laisser s'épanouir sa personnalité. Son émancipation sera réussie lorsqu'au terme de sa scolarité, il sera capable de s'orienter dans le monde et de bâtir librement sa vie. »

  • "Contrat pour l'École" Page-3

    Concrètement, la Communauté veut renforcer ses exigences, en appelle aux efforts de chacun et s'impose des objectifs chiffrés. D'ici 2013, il est de notre responsabilité de mobiliser tous les efforts pour tirer chaque enfant vers le haut :

    > porter 100% des jeunes de 14 ans au Certificat d’Étude de base

    > conduire 85% des jeunes de 20 ans au certificat de qualification ou d'enseignement secondaire supérieur

    > réduire de moitié le nombre d'échecs en primaire

    > réduire de 25% l'échec en secondaire

    Les notions d'effort et de travail seront les clés de la réussite.

  • Article   6 du décret "Évaluations"

    Les évaluations externes non certificatives informent sur le niveau d'avancement des élèves, en poursuivant au moins un des objectifs suivants :

    1° Permettre à chaque équipe pédagogique d'apprécier l'efficacité de son action en établissant l'état des acquis de ses élèves par rapport aux compétences attendues et en situant les résultats de ses élèves par rapport aux résultats globaux des élèves de la Communauté française;

    2° Permettre d'apprécier également l'efficacité de cette action au niveau de chaque zone;

    3° Informer les autorités et l'ensemble des acteurs sur les acquis des élèves d'une année d'étude ou d'un âge donné fréquentant l'ensemble des établissements d'enseignement organisé ou subventionné par la Communauté française;

    4° Informer les autorités et l'ensemble des acteurs sur l'évolution des acquis de cohortes d'élèves à différents moments du cursus scolaire.

  • Article 20 du décret "Évaluations"

    Tous les élèves inscrits en sixième primaire de l'enseignement ordinaire sont soumis à l'épreuve externe commune octroyant le certificat d'études de base. Cette épreuve est également accessible aux élèves de l'enseignement primaire et secondaire spécialisé ainsi que, sur la demande des parents ou de la personne investie de l'autorité parentale, à tout mineur soumis à l'obligation scolaire et âgé d'au moins 11 ans au 31 décembre de l'année de l'épreuve et qui n'est pas inscrit en sixième primaire.

    Les inscriptions visées à l'alinéa précédent sont adressées à l'Administrateur général de l'administration générale de l'Enseignement et de la Recherche scientifique, pour le 30 avril de l'année scolaire en cours. Le Gouvernement définit les modalités selon lesquelles les inscriptions sont introduites.

Mais en plus du respect des rythmes, les décrets ont imposé la MANIÈRE d’évaluer les élèves.

Les textes parlent D’ÉVALUATION FORMATIVE, concept très peu connu des parents. Et pourtant, cela mérite bien d’être expliqué.

Extrait de la circulaire 4484 page 20  ( lien vers PDF pour circulaire complète) :

 « L'évaluation fait partie intégrante du processus d'apprentissage.  Elle a pour fonction de le réguler en amenant l'élève à prendre conscience lui-même de son avancement, de ses réussites et de la façon de les atteindre, des obstacles qu'il a encore à franchir et de la manière de surmonter les difficultés.

Ainsi conçue, elle permet aux enseignants d'observer l'effet, sur chaque élève, des stratégies didactiques mises en place et, dès lors, de les ajuster.  Cette forme d'évaluation sert évidemment les pratiques de différenciation. »

Ici, pas de point ni de sanction et encore moins de sélection.

Pour plus d’informations concernant le concept d’évaluation formative, je vous renvoie au document intitulé "L'évaluation formative au service d'une école sans échec" réalisé par V. de Landsheere, en Juin 1997 (Université de Liège, Faculté de Psychologie et des Sciences de l’Éducation-Service de Pédagogie expérimentale) lien vers PDF

Pratiques  en  porte-à-faux :

Etant donné que les décrets imposent le respect des rythmes des élèves, il faudrait qu’ils fassent de même pour le respect des rythmes des évaluations sinon le travail se fait dans l’absurde.

Que se passe-t-il lorsque l’on évalue alors que l’apprentissage n’est pas terminé ?  L’exemple ci-dessous est très parlant :

Madame Sophie compte, parmi ses élèves, Ernest, un enfant très lent. Pendant un certain temps, elle l’accompagne, lui propose des exercices plus simples ou un autre matériel. Parfois même, un collègue vient en classe pour apporter son aide. Dans d’autres cas, Ernest sort de la classe pour travailler seul ou en petits groupes avec un enseignant responsable de la remédiation dans l’école.

MAIS, combien de temps supplémentaire va-t-on donner à cet enfant  très lent avant de passer à autre chose ? Car l’enseignant doit suivre un programme ! Et à un certain moment, ce sera STOP, le grand moment du « petit contrôle » et des POINTS.  Oui, mais cet enfant vient de démontrer qu’il n’est pas encore prêt, qu’il lui faudrait d’autres activités, une autre méthode,…Tant pis, car le bulletin approche et il faut des POINTS pour satisfaire les parents, entre autres.  Alors que l’on sait très bien que si l’on attendait qu’il ait bien compris et acquis la matière, il y arriverait, dans la majorité des cas.

Ainsi, très rapidement, Ernest est freiné par le système d’évaluation mis en place par son école. Ce système commence très tôt dans la scolarité des enfants, parfois dès la maternelle.   Même si aucun point n’apparaît sur le bulletin (remplacement par des symboles ou gommettes), il s’agit bien d’évaluation. Si l’on voulait faire réussir chaque élève, on les évaluerait au moment où l’on est certain de leur acquisition de la compétence.  Autrement dit, évaluer tous les enfants en même temps, 15 jours avant Noël, sur une même matière, c’est de la condamnation à l’échec pour toute une série  d’entre eux. C’est de l’ « évaluation-guillotine ».

Mais la suite qui sera apportée à cette évaluation est aussi d’une grande importance :

-soit, Madame Sophie retravaille avec Ernest jusqu’au moment où il parvient à atteindre la compétence et ensuite l’évalue à nouveau ;

-soit, l’enseignante ferme le tiroir et passe à tout autre chose, laissant donc Ernest avec son apprentissage non abouti.

Imaginez ce phénomène avec tous les savoirs et savoir-faire travaillés à l’école et vous aurez vite compris que pas mal d’élèves accumulent très vite des lacunes dans des domaines variés.

Les deux actions existent dans les écoles alors que seule la première respecte le prescrit légal.

Que signifie les apprentissages « tiroirs » ?

-Les matières (contenus, savoirs, savoir-faire, compétences, …) sont planifiés sur une année scolaire et puis on saucissonne.

-Les activités sont proposées successivement sans retour sur elles-mêmes.

-On évalue la première tranche, puis la deuxième, puis la troisième et ainsi de suite.  Si l’enfant est en échec lors de la première tranche, il restera avec cet échec bien souvent jusqu’à… l’année suivante où l’enseignant reprendra la matière.  Mais comme l’enfant n’avait pas compris il y a un an, il part d’emblée avec un handicap.

Bien sûr, il n’est pas question de proposer des apprentissages à la carte, cela serait mission impossible pour l’enseignant.  Par contre, ce qui est réalisable, c’est de travailler par groupes de besoin : l’enseignant(e) regroupe les élèves qui ont à peu près les mêmes besoins et reprend avec eux, d’une autre manière, les notions qui n’ont pas été comprises.

Cette petite histoire se produit continuellement dans les classes.  Pourquoi cette rage d’évaluation qui enfonce tant d’élèves dans l’échec et le découragement ?

Autre exemple en dehors du système scolaire, cette fois :

Madame  Robert s’inscrit à un cours de cuisine. Oh, elle n’est pas très douée en la matière mais elle est motivée et elle y va de bon cœur.  Lors du premier cours, le chef cuisinier explique la recette de la sauce provençale. A la fin de ce premier cours, il décide d’évaluer chaque participant.  Résultat pour Madame Robert qui a complètement manqué sa sauce (la farine a formé des tas de grumeaux) : elle se voit attribuer la cote de 2/20. Quelle déception ! Mais Madame Robert, après s’être remise de son premier échec, décide de s’entraîner pendant toute la semaine pour parvenir enfin à cuisiner une sauce réussie.  Lors du deuxième cours, Madame Robert prépare à nouveau cette même sauce provençale, mais, un peu stressée, elle perd ses moyens (c’est plus facile quand même dans sa cuisine, bien au calme chez elle) et ne parvient toujours pas à un résultat satisfaisant : il y a moins de grumeaux mais la sauce est trop liquide. Le chef cuisinier, qui a été à bonne école, décide d’évaluer à nouveau.  La cote de Madame Robert s’élève maintenant à 7/20. C’est déjà mieux mais c’est encore insuffisant.  Le cuisinier annonce ensuite qu’il évaluera une dernière fois la préparation de cette sauce lors du prochain cours. Le jour fatidique arrive et, cette fois, Madame Robert est sûre d’elle : elle s’est entraînée tellement souvent qu’elle peut préparer cette recette les yeux fermés et obtenir une sauce délicieuse, sans grumeaux et onctueuse à souhait. Et, en effet, son évaluation par le chef cuisinier est excellente : 20/20. Quelle réussite ! Madame Robert est très fière d’elle mais pas pour longtemps…Car le chef est occupé de rédiger le « bulletin » de fin de session, qui reprend la moyenne des résultats. Et cela lui fait : 2+7+20 =29,  29 points sur 60 à diviser par trois, ce qui correspond à 9,666/20. Madame Robert est donc bien en échec alors qu’elle est maintenant tout à fait capable de réaliser la recette parfaitement.

Cette petite histoire se produit continuellement dans les classes.  Pourquoi cette rage d’évaluation qui enfonce tant d’élèves dans l’échec et le découragement ?

Mais changer les pratiques d’évaluation ne sera pas une sinécure car c’est toute l’école qu’il faudrait revoir en profondeur.

Changer l'évaluation, c'est vite dit ! Tous les changements ne se valent pas. On peut assez aisément modifier les échelles de notation, la construction des barèmes, le régime des moyennes, l'espacement des épreuves. Tout cela n'affecte pas de façon radicale le fonctionnement didactique ou le système d'enseignement. Les changements dont il est question ici vont plus loin.

 

Pour changer les pratiques dans le sens d'une évaluation plus formative, moins sélective, peut-être faut-il changer l'école. Car l'évaluation est au cœur du système didactique et du système d'enseignement. La transformer radicalement, c'est mettre en question un ensemble d'équilibres fragiles. Les acteurs le pressentent, et devinent qu’en leur proposant de modifier leur façon d’évaluer, on peut déstabiliser leurs pratiques et le fonctionnement de l'école. Comprenant qu’il suffit de tirer le fil de l’évaluation pour que tout l’écheveau pédagogique se dévide, ils crient « Touche pas à mon évaluation » !

Philippe Perrenoud-Faculté de psychologie et de sciences de l'éducation-Université de Genève1993

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